Infos | |
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Personnages | 11 femmes |
Durée | 11 monologues entre 3 et 15 minutes |
Année | 1992-2006 |
Paroles d'auteur | |
Personnages | |
Synopsis | |
Biographie | |
Extrait texte | |
Extraits vidéo | |
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Petit déjà, lorsque je me retrouvais, seul, dans l'appartement familial, tous les mercredis, je prenais plaisir à me métamorphoser en femme et je m'imaginais posté au bord d'une rivière, où les plus beaux mâles de la région venaient me culbuter.
Je vivais le désir, j'inventais l'orgasme, je souffrais l'abandon, je simulais les inévitables accouchements sur le sol de la salle à manger, autant de fois que le nombre de coussins éparpillés dans l'appartement me le permettait.
Je suis la conscience de tous ceux qui abandonnent et la mémoire de toutes celles qui restent, souffrent et supportent.
Je dédie ces textes à toutes les femmes qui ont marqué mon existence, Sérafina, Anna Tancorra, Maguy, Josiane, Anna, Nadine, Aïcha, Isabelle, Catherine, Colette, Catherine, Patou, Marie-Agnès, Chantal, Claire-Ingrid, Tonka, Jany, Isabelle, Nadège, Clotilde, Myriam, Véronique, Cathy, Delphine, Hélène, Françoise, Sabine, Céline, Heike, Isa, Esméralda, Marine, Pascale...
11 femmes qui peuvent être jouées par 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 ou 11 comédiennes
Ces monologues singuliers sont des confessions de femmes qui livrent sans détours leurs désirs, leurs peurs, leurs doutes et leurs fantasmes. Elles disent "Je" et font parler l'autre, le traître, le mal-aimant, le trop aimé, le pas assez, leur mal : Le mâle.
Elles éprouvent et se regardent éprouver, armées de dérision, lucides et féroces, jusque dans l'abîme.
Ces monologues ont été publiés chez L'Harmattan en 2006.
Ils ont été présentés au Théâtre du Rond-Point en février 2006, dans le cadre des mardis midi initiés par Louise Doutreligne. Alberto Lombardo était l'ordonnateur de cet EAT Surprise et a invité deux autres auteurs, Christian Siméon et Luc-François Granier.
Les monologues ont été interprétés par Françoise Arthaud, Delphine Lanson, Marine Martin, Cathy Nouchi, Heike Pfeiffer et Véronique Rodier.
En décembre 2002 au Théâtre du Gymnase, certains de ces monologues ont été joués par Françoise Arthaud, Véronique Rodier, Cathy Nouchi et Heike Pfeiffer.
D'autres ont été joués par Annie Yver, Françoise Chichery et Fred Zagato dans le cadre du spectacle Quelques tours de langue, au Jardin Propice à Saint Langis Lès Mortagne, en avril 2008.
Je fais des gestes, toujours les mêmes.
D'abord j'embrasse. Quelques tours de langues. Trente secondes.
Ensuite je regarde le visage en souriant légèrement, suffisamment pour montrer que je suis encore amoureuse, même après tout ce temps.
Sans jamais quitter des yeux le visage, je glisse ma main gauche le long du corps. Jusqu'au sexe. En général quand j'arrive il est déjà raide.
Je fais toujours beaucoup d'effet.
Je garde le sexe dans ma main comme si j'avais peur qu'il m'échappe et pour ne pas perdre de temps.
Tout en tenant le sexe je fais glisser ma bouche le long du corps, en prenant bien soin de mouiller la peau au passage avec la langue - signe qu'il y a encore un grand désir.
Bien vite ma bouche atteint le sexe.
Là je respire.
Je vais négocier le dernier virage, si je m'y prends bien on n'en a pas pour longtemps.
Le sexe est propre, il a été savonné et rincé juste avant l'opération.
Je crains les microbes.
Je n'y vais pas par quatre chemins, je suce du mieux que je peux.
Si j'arrive à lui faire lâcher quelques gloussements, je considère que c'est gagné.
De toute façon, il s'est toujours contenté de peu, un rien le fait partir.
Ça vient.
Je garde la semence dans ma bouche.
Je ne veux surtout rien avoir à me reprocher.
Mais je n'avale pas, c'est vrai, je n'avale pas ! Mais je garde la semence longtemps !
Je regarde encore une fois le visage, j'essaie de sourire la bouche pleine, je garde la pose autant que je peux.
Après avoir tout recraché et m'être rincé la bouche, je regagne le lit.
Ça ne va pas tarder à s'endormir.
Je l'embrasse du bout des lèvres, lui souris satisfaite et éteins la lumière. Bonne nuit.
Demain avec un peu chance, je pourrais y échapper.