Infos | |
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Personnages | 1 femme 3 hommes |
Durée | 1h25 |
Année | 1998 |
Personnages | |
Synopsis | |
Extrait | |
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Antoine : Libraire, la quarantaine passé, spirituel, solitaire, désabusé, déçu par l'humanité
Catherine : Amie fidèle d'Antoine, journaliste, mondaine, la quarantaine, célibataire, souffre de ne pas rencontrer l'amour
Martin : Jeune homme, bien dans sa peau, bon dans un lit, un peu voyou, vit de trafics, factotum d'Antoine, lui rend des services plus ou moins licites, prêt à tout pour gagner le maximum de fric. Son but dans la vie : Fonder une famille et se la couler douce
Octave : Jeune homme, solitaire, rêveur, idéaliste, encore puceau. Tout à fait le genre de personne malléable que l'on se plaît à vouloir protéger et éduquer. Maintenant, tout dépend de la nature des intentions de l'éducateur!
La rencontre d'un jeune homme innocent avec trois singes coriaces et désabusés. Se laissera-t-il tenter par les flammes de l'ambition et de la réussite.
Antoine : Un soir, je devais avoir douze ans, une pièce de Racine mise en scène par l'un des plus merveilleux directeurs déacteurs, était représentée au théâtre national de ma ville. J'étais abonné. Depuis plusieurs mois déjà je me faisais une joie d'y aller. Je sentais que ce serait la révélation. Comme le théâtre se trouvait à l'autre bout de la ville, mon père était censé m'accompagner. Or, j'étais alité depuis une semaine à cause d'une méchante grippe. Une semaine de lit c'est beaucoup pour une grippe. Tout le monde sait qu'un enfant se rétablit très vite. Et ce soir-là, je me sentais en pleine forme. Mais mes parents ne voulaient rien entendre et partaient du principe qu'étant donné que j'avais manqué l'école pendant une semaine, il était hors de question que je quitte le domicile pour motif incongru, qui de plus risquerait de me faire rechuter. Ils ne voulaient pas se porter garants. Je pleurais, je suppliais, je leur expliquais que c'était vital, que c'était Vitez, qu'il s'agissait d'une représentation unique, que ce n'était pas si souvent qu'il se passait des choses extraordinaires dans cette ville de dégénérés, en outre, que j'étais guéri, que s'ils persistaient dans leur refus, cela risquerait de causer un terrible préjudice à mon avenir. Ils ne cédèrent pas. Je criai inlassablement la même supplique : emmène-moi, emmène-moi, je t'en prie. Ils restèrent sourds, de marbre. Je n'avais pas l'habitude qu'on me tienne tête. Mes parents avaient toujours été très bons pour moi, ils m'avaient toujours tout accordé, je ne comprenais pas pourquoi ce soir-là c'était différent. À force de hurler, je sentis ma voix s'ébranler. Alors j'ai eu une idée. J'ai décidé d'enregistrer ma plainte et de leur passer et repasser la bande magnétique sempiternellement, jusqu'à ce qu'ils craquent. Ça ne donna rien. Je compris que tout était perdu. Je finis par m'humilier. J'implorai mon père de faire au moins mine de m'emmener. C'est-à-dire, qu'on se vêtirait tous les deux, qu'on descendrait les escaliers de l'immeuble, qu'on se dirigerait vers la voiture et qu'on reviendrait. Tout comme si mon désir avait été exaucé. Mon père n'a pas fléchi. Je dus m'endormir, lessivé, devant la porte d'entrée. (Soudain agressif.) Dis moi, tout à fait entre nous, tu t'en fiches carrément de ton ami libraire ?
Octave : C'est faux.
Antoine : Je compte combien ? Combien je compte pour toi ? J'ai besoin de savoir. Donne un chiffre, une quantité. Cela fait trois ans que je suis à ton service et tu ne m'as jamais rien livré. Pourtant je ne t'ai jamais demandé l'impossible. Qui es-tu ? Je veux saisir ton âme. J'ai besoin de la palper, de la pénétrer. Je commence à douter, tu comprends. J'ai tellement misé sur toi. Fais un effort. C'est essentiel. C'est ta dernière chance.
Octave : Tu me fais peur.
Antoine : C'est un bon début. Au fond, tu mènes une vie très confortable. Tu te lèves, tu lis, tu dors, tu viens me rendre visite toutes les quatre semaines, et pour me prouver ta reconnaissance, tu me racontes des histoires insensées, puis tu t'en retournes. Il ne manque plus que le petit pot de beurre.
Octave : Tu es injuste.
Antoine : Figure-toi que je l'ai réellement appelé ton écrivain. Je me doutais bien que tu m'en ferais la demande. Il ne désire même pas t'apercevoir à travers la vitrine de la librairie.
Octave : Je me demande ce que tu aurais bien pu lui dire.
Antoine : La vérité. Et même que tu avais un beau petit cul, j'ai pensé que ça aurait pu le faire changer d'avis. À croire que ça n'a pas suffi. Ça devient de plus en plus difficile, je te dis. à une époque, c'est tout juste si on regardait à qui l'on avait à faire. Il suffisait que ça se balance pas trop mal pour faire l'affaire. À présent, on est à la recherche d'évidences instantanées. Ça ressemble au coup de foudre, à la sauce contemporaine. On veut se retrouver en face d'une personne et sentir du premier coup qu'on n'aura pas à galérer pour l'avoir, qu'au lit ça va faire des étincelles, qu'on pourra tout se dire et que ça durera un temps assez long. Une rencontre évidente quoi! Et en plus il faut qu'elle corresponde à vos critères en matière de goût esthétique. On est prêt à lâcher la bride, mais juste ce qu'il faut. Par exemple, ton écrivain, il a beaucoup tiqué quand je lui ai raconté ton absence d'expériences.
Octave : Je ne vois pas le rapport.
Antoine : Des âmes belles, des corps sains, ça n'existe plus. Tu vois, même moi, je suis tombé dans le panneau. Je croyais avoir rencontré un être rare, plein de promesses. Tu m'as trompé, mon triste Octave, tu m'as fait perdre un temps fou. Tu es comme les autres, tu cours après ton expansion. Si ça ne te rapporte rien, ça n'en vaut pas la peine. Tu aurais dû jouer franc jeu avec moi, je suis un homme très fortuné tu sais. Pour contenter tes ambitions, je n'aurais pas regardé à la dépense.
Octave : Oh non!... Je te déteste! (Il s'empare d'une statue et la jette.)
Antoine : Il faudra rembourser! Elle me vient de ma grand-mère. Et tu sais comme je la vénérais. (Octave sort.) C'est va, fuis! (Hurle à la cantonade.) Mon ami écrivain déteste les puceaux !... Tu sais déjà par quoi commencer.
Cette pièce étant inédite, si vous souhaitez la lire, veuillez contacter l'auteur directement. Merci.